La Patience

(extrait de l’article du site Alétéïa)

Le grand Jean de La Fontaine termine ainsi sa célèbre fable Le Lion et le Rat : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. » En apprenant par cœur les vers des morales de ces poésies, qui s’inscrivent définitivement dans la mémoire et façonnent ainsi des habitudes, l’enfant découvre que la patience, dont son jeune âge est si dépourvu, n’est point une faiblesse mais une vertu. Aucun mouvement de l’âme ne nous semble peut-être moins naturel que la patience, souvent regardée comme de la mollesse de caractère. L’avachissement et l’inaction, le manque de réaction face à ce qui est mauvais et néfaste ne sont certes pas patience. Les parents qui se figurent être patients parce qu’ils laissent leurs enfants libres de faire tout ce qu’ils veulent, quand ils le veulent et où ils le veulent, ne sont guère vertueux. Ce sont des lâches et des paresseux qui préparent le malheur de l’avenir de leur progéniture et qui, en attendant, empoisonnent la vie de tous en imposant leur marmaille aussi indisciplinée qu’une basse-cour sans coq !

Une vertu qui se cultive

La patience est une vertu qui se cultive comme un champ, elle réclame effort, ceci pour l’homme, alors qu’elle est de l’essence même de Dieu. Il est plutôt heureux que Dieu soit patience car, sinon, l’homme aurait été rayé de la surface du globe depuis bien longtemps. Le Créateur nous a donné tant et tant de secondes chances que nous avons toutes gâchées. Cependant, comme le rappelle Jésus dans sa parabole, toute patience a ses limites et il arrive un moment où, par manque de fruits, il faut se résoudre à déraciner l’arbre et à le jeter au feu éternel.

Saint Thomas d’Aquin relie la patience au courage, comme un des deux volets, avec la magnanimité, permettant au courage de demeurer dans la durée. Il faut savoir se lancer, prendre des initiatives, avoir des projets, mais il est nécessaire ensuite de tenir bon. La patience est cette force qui nous aide à avancer au milieu des tempêtes et des déserts, à tel point qu’elle est bien vue comme une vertu surnaturelle. Nous exprimons cela, de façon populaire, en parlant d’une « patience angélique ».


Pas de patience sans la grâce

Comme le rappelle l’apôtre saint Paul, il faut se supporter les uns les autres, supporter parfois l’insupportable, tout en s’accrochant à ce qui est vrai et bon. La patience est un exercice rendu possible par la grâce seule. Voilà pourquoi elle nous fait si souvent défaut car nous n’accueillons la grâce qu’avec parcimonie et notre vie n’est guère un terrain favorable pour qu’elle fructifie.

Un temps à respecter

Voilà peut-être le secret qui explique notre quasi impossibilité à atteindre cette patience divine qui fut celle de Notre Seigneur tout au long de sa vie terrestre, de sa prédication, de sa Passion. Pourtant, non seulement nous avons un besoin vital de patience pour notre vie ordinaire, mais elle sera encore plus nécessaire en cas de tribulations et de persécution, ce en quoi nous ne sommes pas à l’abri. Le rythme de la nature, voulu par Dieu, nous enseigne qu’il existe un temps à respecter. Certes, nous voulons manger des cerises à Noël mais ce n’est point-là respecter la patience de Dieu à l’œuvre dans sa Création.